Le 21 Septembre 2022, des altercations violentes ont opposé les écogardes aux agriculteurs ayant envahi le parc national des Virunga. Au cours de cet incident, un agriculteur a été tué par balle et un écogarde blessé. Le poste local de patrouille de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) a également été incendié et plusieurs infrastructures de conservation ont été vandalisées. Cet incident violent est le dernier reflet des tensions persistantes entre gestionnaires du parc national des Virunga et populations locales au sujet de la limite de cette aire protégée.
Alors que l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature considère le quartier Congo Ya Sika comme faisant partie intégrante du Parc, les communautés locales allèguent que cette entité fait partie de la commune de Kasindi. Bien que toutes les parties s’accordent sur le fait que la limite légale entre le parc et la commune est la route carrossable, elles ne sont pas d’accord sur la localisation exacte de cette route. Depuis 2017, le CREDDHO est résolument engagé dans un processus de résolution pacifique de conflits de limite ainsi que le renforcement de la cohabitation pacifique entre les communautés locales et les gestionnaires du Parc. Bien que beaucoup reste à faire, les actions du CREDDHO ont permis de renouer le dialogue entre les différentes parties prenantes et poser les bases d’une résolution définitive des conflits dans la zone.
Contributions du CREDDHO à la résolution du conflit de limite du parc à Kasindi
Un des objectifs du CREDDHO dans le cadre du programme Green Livellywoods Alliance (GLA) financé par IUCN est le renforcement de la cohabitation pacifique entre Communautés locales et gestionnaires du Parc National des Virunga. Dès le début du programme en 2017, la commune de Kasindi s’est révélée très problématique. En effet, malgré l’existence d’une feuille de route dressée par une délégation parlementaire en 2013, les altercations entre populations et écogardes étaient fréquentes. Par ailleurs, le comité de dialogue mis en place par la délégation parlementaire n’existait plus.
C’est ainsi que dès une première cartographie des acteurs sociaux et environnementaux, le CREDDHO a amorcé des formations en cascade en leur endroit sur la cohabitation pacifique et la médiation foncière. Elles ont abouti à la mise en place d’une feuille de route pour la cohabitation pacifique dans plusieurs entités, y compris à Kasindi. En vue de renouer le dialogue entre l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature et la population locale, le comité de dialogue de Kasindi a été redynamisé et doté de nouveaux animateurs au cours d’une séance d’échanges communautaires publique, participative et inclusive organisée par le CREDDHO.
A la suite de la redynamisation de ce comité, des cadres de concertation ont été organisés entre différentes parties prenantes afin d’échanger sur les différents défis de la conservation et trouver des solutions pacifiques avec l’Institut Congolais pour la Conservation.
“La redynamisation du comité de dialogue par le CREDDHO a été une bonne nouvelle pour nous. Le comité nous a permis d’avoir à nouveau un cadre d’échange avec l’ICCN. Avant, le dialogue était vraiment rompu avec l’ICCN. Quand l’ICCN avait des choses à nous reprocher, les garde parcs passaient à l’offensive en détruisant nos champs, nos maisons ou en arrêtant les gens. Quand la population pensait avoir été lésée, elle lançait des actions violentes contre l’ICCN. Grâce à la relance du comité de dialogue et des cadres de concertation, nous pouvons à nouveau parler au lieu de nous battre”
Le chef coutumier Viromunane Ihembe Lyangotho.
Malgré l’existence du comité de dialogue et l’organisation régulière de table ronde d’échange sur les différents problèmes de conservation, les dérapages de part et d’autre sont toujours enregistrés. Contrairement aux précédentes époques, elles sont systématiquement signalées, découragées et dénoncées aussi bien par le comité de dialogue lui-même que le CREDDHO. C’est dans ce cadre que le CREDDHO, alerté par le comité local de dialogue, a été l’une des premières organisations à combattre et décourager l’envahissement du parc des Virunga par des agriculteurs à Kasindi.
Ce sont ces envahissements qui ont notamment entraîné les altercations violentes du 21 Septembre 2022 que le CREDDHO a vivement dénoncé tout en appelant les parties prenantes au dialogue. Ce dernier a finalement eu lieu un mois après et a permis d’aboutir à un accord qui constitue une nouvelle feuille de route pour la délimitation du parc à Kasindi.
Un accord signé entre communautés et gestionnaires des aires protégées à Kasindi
A la demande du chef coutumier Viromunane de Kasindi et des appels du CREDDHO, un dialogue sur le conflit des limites du parc des Virunga à Kasindi a été organisé à Beni par l’Institut Congolais sur la Conservation de la Nature. Ce dialogue auquel le CREDDHO a activement participé a donné lieu à un communiqué final faisant office d’accord entre les parties. Au cours des assises, il est notamment ressorti que le parc national des Virunga a effectivement été envahi par la population à Kasindi. Toutefois, les acteurs étatiques sont tout aussi responsables de cet envahissement que les populations locales.
Le communiqué final définit quelques actions visant à clarifier les limites du Parc en attendant une éventuelle actualisation des limites par le pouvoir central. Il s’agit de la fixation de trois bornes de démarcation, la construction d’une clôture électrique, accord individuel d’un moratoire pour la récolte des cultures dans le parc ainsi que la poursuite du glissement des populations occupant le parc vers des entités hors parc.
La signature par différentes parties prenantes du communiqué final du dialogue sur l’envahissement du Parc national des Virunga est une étape cruciale dans la résolution de l’épineux conflit des limites qui oppose les populations locales aux écogardes. Il requiert tout de même que toutes les parties prenantes respectent leurs engagements. Ce n’est malheureusement pas le cas pour l’instant. Des informations faisant état de destruction d’anciennes cultures par les écogardes parviennent régulièrement au CREDDHO alors qu’il avait été convenu d’observer un moratoire sur la récolte des cultures. Par ailleurs, des agriculteurs s’introduisent dans le parc pour cultiver à nouveau en violation de l’accord signé.
Le CREDDHO, qui a largement contribué à la mise en place des conditions nécessaires pour un dialogue, continuera à militer pour le respect des engagements pris aux termes du communiqué final susmentionné en vue de l’aboutissement heureux du processus de délimitation définitive du parc à Kasindi.
Très bon resultat,,, l’aboutissment fera encore dur bien aux deux parties dont l’ICCN et la communauté de Kasindi,, Bon. courage aux acteurs de lma société civile, dont le CREDDHO engagé dans la protection de la biodiversité du paysage virunga