Face aux intrusions humaines dans le parc national des Virunga et la destruction des cultures des riverains par des animaux venant de cette aire protégée, les écogardes et la population locale agissent ensemble. Les deux parties ont notamment entrepris des activités communes de matérialisation participative de la limite du PNVI en localité Kyakaba à travers la plantation des bambous. Ces activités soutenues par le CREDDHO augurent l’espoir d’une cohabitation pacifique entre les gestionnaires du parc national des Virunga et les communautés locales.
Conflits permanents entre écogardes et populations locales à Bolema
Situés en groupement Bolema, secteur de Ruwenzori, les villages Kyavikere, Kyavitumbi, Kalevya et Baleya sont riverains du parc national des Virunga. La limite entre cette aire protégée et les quatre villages est difficilement identifiable. En effet, les pancartes de délimitation sont espacées les unes des autres de plus de 500 mètres. Par ailleurs, les pancartes d’espacement sont quasiment invisibles en raison de la brousse qui les entoure.
Cette difficile identification de la limite du parc a des conséquences aussi bien sur les écosystèmes du PNVI que sur les activités des riverains de cette aire protégée. En effet, les instructions humaines dans le parc sont couramment signalées. Elles entraînent la destruction des écosystèmes du parc national des Virunga. Par ailleurs, les cultures de la population locale situées sont couramment ravagées par les animaux venant du parc. Malgré les appels incessants du CREDDHO, les agriculteurs victimes de ces destructions n’ont jamais été indemnisés. Cela installe un climat de méfiance accrue entre les gestionnaires du parc et les communautés locales.
La population et l’ICCN identifient et matérialisent la limite du parc
En vue d’apporter une solution au problème de la difficile identification de la limite du parc national des Virunga, le comité de gestion de la concession forestière de la communauté locale de Kyakaba (CFCL Kyakaba) a approché le gestionnaire de la station locale de l’Institut Congolais de la Conservation de la Nature (ICCN). La CFCL Kyakaba a notamment fait part de son projet de plantation des bambous tout le long de la limite séparant le parc au village. L’idée a été saluée par le conservateur de l’ICCN. Ce dernier a mis à la disposition des équipes un GPS pour détecter aisément la limite. Un programme conjoint des descentes a été convenu auquel il a lui-même pris part quand ses charges quotidiennes le lui permettaient.
Cette descente a été rendue possible grâce au soutien du CREDDHO. Dans le cadre du programme GLA, le CREDDHO a organisé du 21 au 22 juin 2022 un atelier sur les notions de transformation et résolution pacifique des conflits et les principes de médiation des conflits fonciers liés à l’exploitation des ressources naturelles du Parc des Virunga. Une vingtaine d’acteurs environnementaux y avait pris part dont des membres du comité de gestion de la Concession Forestière de la Communauté locale, CFCL Kyakaba. C’est notamment à l’issue de cette activité que les démarches de matérialisation conjointe de la limite du parc ont été amorcées. Par ailleurs, le financement de la plantation des bambous le long de la limite du parc a été assuré par le CREDDHO.
Ces bambous permettent de matérialiser la limite du parc pour atténuer les intrusions humaines et la destruction des cultures des populations riveraines par les animaux. Il s’agit aussi d’un effort à la réponse au dérèglement climatique à travers la plantation d’arbres.
Un notable de Kyakaba.
Les conflits autour des limites du parc national des Virunga sont vifs et s’expriment parfois par la violence. Le 21 septembre dernier par exemple, un agriculteur avait été tué par un écogarde à Kasindi. Néanmoins, cette collaboration entre écogardes et population à Kyakaba est la preuve qu’un travail conjoint de résolution des conflits est possible. Cette cohabitation pacifique est d’ailleurs l’un des chevaux de bataille du CREDDHO. En effet, à travers le programme GLA, le CREDDHO est résolument engagé dans le renforcement de la cohabitation pacifique entre les gestionnaires des aires protégées et les communautés locales, l’appui aux moyens de subsistance des communautés locales et l’atténuation de la pression humaine sur les écosystèmes du Parc National des VIRUNGA par l’éducation, le plaidoyer, le monitoring et l’accompagnement des comités locaux.